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 often times we call a man cold when he is only sad ▴ joshua

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often times we call a man cold when he is only sad ▴ joshua Empty
often times we call a man cold when he is only sad ▴ joshua fut rédigé Sam 31 Jan - 23:39

people are not rain or snow or autumn leaves;
they do not look beautiful when they fall.

Les rues commerçantes grouillaient comme à leur habitude. Ça ne l'étonnait même plus, de voir cette masse de monde, ces ruelles trop pleines qui semblaient presque déborder parfois, avec ce sable dans ses sandalettes et ce soleil, ami de toujours, qui venait rendre l'atmosphère encore plus étouffante. C'était une certaine ambiance, les commerces de Marsia, c'était une course poursuite haletante de celui qui arriverait à sortir sans se faire marcher sur les pieds ; mais lui il regarde juste du coin de l'oeil, admirateur extérieur, les semelles qui foulent le sol et les négociations sans pareilles. Lui, il transporte des pierres d'un point A à un point B -c'est sa tache d'aujourd'hui, ni plus ni moins, et à cette heure tardive où le ciel se teinte de violet, son tas est bientôt fini. Encore un ou deux blocs et il pourra rentrer chez lui -mais c'est où, chez lui ? Il ne sait pas ne sait plus, et son mal de dos ne fait qu'empirer au fil des allers et des retours mais que peut-il dire, Cassandre. Il a déjà accepté ça.
Alors il continue, et ses genoux craquent encore une fois quand il se baisse pour prendre la énième torture dans ses bras déjà griffés de toutes parts. Il slalome entre les passants, habitué à l'exercice depuis les aurores, et ses longs pas stables lui usent les hanches -parfois il se demande si son cartilage est encore bien en place. Peut-être que c'est ses os qui sont anormaux, ou alors juste lui, lui tout entier -et il hausse des épaules face à un commentaire inexistant, lâche son fardeau sur les autres avant de repartir en sens inverse.
Alors il continue, et à chaque fois qu'il revient sur ses pas le soleil est en face ; il semble l'encourager lui dire que c'est bientôt fini, mais Cassandre regrette un peu, parce qu'il aura moins de temps pour le regarder, pour le remercier. Qu'est-ce qu'il est stupide, Cassandre, qu'est-ce qu'il est naïf. Ses mains calleuses rencontrent une autre pierre, et ses pieds décident tous seuls du chemin à suivre -de toutes manières, ils le connaissent par cœur, maintenant.
Ah, et puis, quand il se retourne, il y a un éclat d'or dans la foule ; de l'or comme dans le soleil mais oh, tellement plus vivant qu'il croit voir un mirage pendant un temps -mais oh, il sait il sait à qui ces cheveux d'anges appartiennent et il feint l'innocence, il fait comme si de rien n'était. Comme si. Et, en même temps, il n'est même pas sûr ne de pas avoir vu autre chose qu'un simple reflet dans un miroir, qu'un fantôme de ses pensées dans le sable.


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Re: often times we call a man cold when he is only sad ▴ joshua fut rédigé Dim 1 Fév - 14:29

Ce n'était pas la chaleur écrasant ses membres qui le gênait. Ce n'était pas les perles de sueur dévalant ses tempes et se mélangeant à la poussière de son visage qui le répugnait.
Joshua retint son souffle, le cœur battant la chamade, observant devant lui avec ses yeux de proie chassée. C'était cette masse grouillante face à lui et auquel il était obligé de se mélanger. Il s'y mélangeait, ses doigts glissant dans une danse macabre entre les jambes pour agripper des pièces ou des objets. Et les gens s'affairaient tellement qu'ils ne remarqueraient rien jusqu'à rentrer chez eux. Le blond serra les dents. Il savait. Il détestait être touché, être effleuré et pourtant, il avait dû s'y faire, de se faire frôler et bousculer de toute part quand il se frayait un chemin entre les passants.
Il se sentait nauséeux. Et pourtant. Il ne deviendrait fou que si quelqu'un lui attrapait le bras. Car se faire bousculer, il a dû s'y habituer malgré le plomb qui lui écrasait l'estomac.

Au loin, il aperçut cette silhouette qui portait son fardeau. Cet individu qu'il avait plusieurs fois évité, se plaquant au mur comme un fugitif et s'envolant, la mâchoire serrée. Il ne mentirait pas s'il disait qu'aujourd'hui, ses pas l'avaient cherché. Aujourd'hui, il était curieux, aujourd'hui, il se posait des questions. Cael poussa un jappement, la créature ayant pris la taille nécessaire pour être dans sa poche et plongea à l'intérieur, aussi méfiant que son propriétaire.
Pourtant ils venaient de s'évader de la foule.

Joshua déglutit.

Hé.

C'était comme un appel. Et ses yeux se posèrent sur la pierre que l'autre garçon portait, ses bras écorchés, son air fatigué et Joshua ne put se retenir de serrer ses poings, faisant craquer ses phalanges sales. Peu importe la personne, cette vue lui déplaisait.

Je connais pas ton nom. C'est pas le problème.

Sa main glissa vers sa poche où il appuya par mégarde sur la masse remuant à l'intérieur ; le renard couina et s'empressa de lui mordre la cuisse par dessus le tissu. Ce fut à son tour de feuler et il attrapa la gourde attachée à sa taille en maugréant.
Joshua n'était pas généreux. Joshua ne voulait qu'un prétexte pour lui parler. Mais surtout, Joshua n'aimait pas se rappeler des esclaves et de ceux qui avaient plus de mal que lui. Il ignorait si c'était de la pitié, de l'empathie ou de l'égoïsme pour ne pas se rappeler de souvenirs trop douloureux lorsqu'il se sentait pousser une âme charitable. Joshua se sentait stupide.

Je. Hm. Normalement t'as bientôt fini, pas vrai ? T'as pas soif ?

Il lui tendit la gourde à bout de bras, la moue renfrognée tandis que deux oreilles pelucheuses s'agitaient hors de sa poche.
Il était curieux. Et il était surtout trop buté pour comprendre comment un esclave pouvait l'empêcher de vivre comme il le faisait. Ah. Il n'oublierait jamais sa façon de lui écraser l'épaule alors qu'il dérobait quelques biens à des richards ventripotents. Ce garçon à la peau basanée aurait dû y perdre des doigts ce jour-là.
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Re: often times we call a man cold when he is only sad ▴ joshua fut rédigé Dim 1 Fév - 17:00

people are not rain or snow or autumn leaves;
they do not look beautiful when they fall.

Hé. Il tourne la tête, le crédule ; il ne s'attendait pas à voir l'autre en face de lui, là, juste là, inaccessible. Si près et si loin. Cassandre s'arrête un instant, sourit, ses lèvres pincées, et continue sa besogne. Comme si de rien n'était. Son temps, il le perdait déjà assez -oh, comme il voulait courir loin dans le désert pour atteindre quelques montagnes de sable qui l'engloutiraient pour l'éternité, avec pour seul témoin cette voûte céleste. Il perd son temps, Cassandre, mais il continue malgré tout.
Il l'écoute quand même -Cassandre écoute toujours attentivement-, mais l'autre ne voit pas son sourire qui se renforce, caché par les ombres de son visage. Non, ils ne connaissent pas le nom de l'autre -et alors ? Qu'est-ce qu'ont ces quelques lettres pour être si importantes ? Ça ne l'intéressait pas, Cassandre, non. Il lâche la pierre pour se retourner, ses yeux ambrés face au soleil, éblouissant. Face à lui, aussi, et ses pupilles de feu. Il s'essuie les avants-bras et recommence sa sempiternelle marche vers le point de départ -oh inutilité flagrante. Il regarde Céphée, aussi, en proie à la trop grosse chaleur, couché sur les quelques blocs restants -ça le ferait presque rire.
Les deux oreilles qui sortent de la poche de l'autre, ça le fait rire, par contre. C'est grave, pas très évocateur et discret, mais c'est un rire et c'est sa qui compte. Il y a de l'affection dans ses yeux, il y a quelque chose qui se propage dans l'air qui l'atteint bien trop, notre Cassandre ; et il prend la gourde sans contact -il n'est pas fou. Ca peut sembler étrange qu'il accepte aussi facilement, mais accepter n'est pas voler et le vide dans son ventre est bien trop grand pour refuser. Oui, il a faim Cassandre, il a soif Cassandre, mais comme il ne peut pas en mourir ça ne l'importe que peu -fait-il seulement attention à quelque chose ? Ca fait déjà trois gorgées avalées et ça lui semble assez, alors il se penche et en donne un peu à son alter-ego.
Merci.
C'est sobre, c'est court, ça claque dans l'air par cette voix trop rauque de celui qui ne parle pas ; et tes yeux lui disent milles fois ce que tes mots accusent, et ton regard lui souffle des questions brûlantes qui ne sont pas encore remontées jusqu'à ta gorge. Pourquoi t'es là ? Pourquoi l'eau ? Pourquoi ici ? Pourquoi autour de tant de gens ? Pourquoi ne pas demander mon nom ?




Dernière édition par Cassandre le Dim 1 Fév - 20:51, édité 1 fois
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Re: often times we call a man cold when he is only sad ▴ joshua fut rédigé Dim 1 Fév - 19:35

Il n'avait pas côtoyé assez de personnes pour en connaître tout ce qui faisait un être humain. Tout ce qui faisait le charme d'une personne ; leurs mimiques, leurs sourires timides, quand leurs yeux interrogeaient silencieusement. Il ne reconnaissait que les vices, les rictus suintant la perversion, leurs joues rougies par la colère, leurs exclamations de panique quand enfin ils remarquaient la disparition de leurs possessions. De tout, il n'en retenait que ce qui était mauvais. Il ne retenait que ce qui était mauvais dans ses expériences, trop souvent.
Et pourtant, restant à une distance modérée, il lui expliqua la raison de sa venue, avançant de pas qui raclaient la poussière et jetaient les cailloux sur son chemin. Il n'avait pourtant pas compris ce que les yeux de l'esclave lui susurraient.

J'aime pas ce que tu as fait la dernière fois.

Joshua n'était pas un perroquet, puisque son interlocuteur ne le savait que trop bien. Il l'avait vu. Ses cris de petit animal et ses larmes d'enfant. Il avait crié tellement fort. Il n'avait jamais voulu. Et il n'avait pas apprécié. Qui apprécierait ? Mais il le répétait, de mots accusateurs et qui s'abattaient comme une sentence. Il avait observé l'échange de la gourde avec tant d'appréhension et puis le garçon avait ri. Il ne comprit pas pourquoi, ça lui était tellement étranger et ça ne lui fit que hausser les sourcils de confusion, et malgré tout, il ne préférait pas s'y attarder. Tout ça lui était inconnu.

Alors je viens te demander pourquoi. Pourquoi tu as essayé de m'en empêcher.

Le ton était presque impérieux. Le blond avait la voix asséchée par le vent du désert et le regard altéré par la privation, et lui-même se demandait de quoi il avait l'air ce jour-là, à pleurnicher comme un bambin.
Ses mains allèrent chercher la petite chose cachée dans ses haillons, celle-ci grognant à la vue de l'inconnu. Cael reprit sa taille habituelle et après avoir mordu les doigts de son propriétaire puisque personne ne lui enlèverait cette habitude, sauta à terre pour aller courir près du manchot. Joueur, il s'arrêtait en baissant le haut du corps et agitant sa queue, puis courait de nouveau autour.
Joshua se risqua un sourire amusé. Il ne pouvait que se vanter de ne pas avoir perdu ses sourires.

Je ne fuis pas éternellement. Enfin. J'étais là et t'étais ici, alors je viens te voir maintenant.

La dernière affirmation sonnait plus comme une justification et il passa une main dans ses cheveux, le regard dérivant sur les nuages de poussière qui se formaient dans l'air.
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Re: often times we call a man cold when he is only sad ▴ joshua fut rédigé Dim 1 Fév - 21:23

people are not rain or snow or autumn leaves;
they do not look beautiful when they fall.

Cassandre goûte une dernière fois cette eau désaltérante, sans goût, la tête renversée, avant de s'essuyer la bouche. Ça faisait du bien, de sentir son œsophage avaler quelque chose, d'avoir cette sensation fraîche faire son chemin jusque dans son ventre ; peut-être qu'à la fin le soleil lui avait un peu trop tapé dessus. Il aurait pu penser que tout ça n'était qu'un mirage, mais la sensation du liquide dans sa bouche semblait trop réelle -les reproches qui sonnent dans l'air aussi.
Il ne sait pas vraiment s'il s'en voulait ou non, Cassandre. Il ne comprend pas ce qu'il a fait de mal, Cassandre, il voulait juste faire ce qu'il pensait juste et il a été, comme toujours, trop borné ; et voilà le résultat. Un ange blond qui fronce des sourcils. Enfin, plutôt un démon, à vrai dire, au vu de son regard assassin et de ses remarques acérées. Pourtant, il ne laisse rien paraître, Cassandre ; il garde toujours tout ce qui sonne mal dans sa tête, oh il n'y a que les sourires qui transparaissent sur ses joues. Le reste, il se fera la bouche droite et le regard désapprobateur ; mais là, là, ils sont neutres, ses deux astres jaunes. Il écoute, et quand on écoute, on se doit d'être impartial, pense-t-il. Idiot.
Il y a ces secondes qui passent et Cassandre qui réfléchit aux bons mots, à la bonne manière de les manier. C'est tellement tranchant, les mots ; ça vous glisse entre les lèvres et ça vous étrangle avant même que vous ne vous en rendiez compte -et oh Cassandre savait ça. Il le savait, et il se savait aussi peu adroit ; c'est peut-être aussi pour ça qu'il parle si peu. Mais il y a son sourire, à l'autre, et ça laisse planer un parfum un peu plus doux, un peu plus conciliant. Il a beau lâcher des explications sous forme d'affirmations, ça n'en reste pas plus ce que c'est, et Cassandre lui tend sa gourde comme un geste de paix.
Vraiment ? C'est uniquement ce que j'ai fait, pas comment tu as réagi ?
Il n'est pas méchant Cassandre, ou du moins il aime se dire ça. Il ne pense pas que les questions, que la vérité soit méchante -elles sont là, c'est tout ; tout comme une arme est neutre tant qu'elle n'a pas de possesseur.
Le manchot caquète quand le renard lui rend visite, bavardeur de toujours ; et il vient observer de plus près le pelage roux qui se dresse devant lui. Céphée est tellement différent de son alter-ego, c'en serait presque drôle -toujours un son au coin du bec et une réserve quant au toucher. Il les regarde, Cassandre, et il s'est décidé pour quelques autres mots -pourtant il sait, il sait déjà que ça ne sera pas assez.
C'était injuste.
Il sent déjà des contre-attaque pleuvoir sur lui, Cassandre, mais oh rien ne changera sa vision des choses et il plie sous nouveau bloc comme un fardeau, comme un Atlas des temps modernes.


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Re: often times we call a man cold when he is only sad ▴ joshua fut rédigé Lun 2 Fév - 18:29

Il n'avait même pas prévu de s'énerver.

ÇA NE TE CONCERNE PAS.

Sa voix avait explosé.
Il n'avait rien vu venir et ses semelles raclèrent vivement le sol graveleux. Joshua avait le sang qui circulait trop vite et il ne fit qu'un tour, à la simple mention de ses propres actions. Il lui avait laissé le temps de terminer ses palabres, et quand le point final fut tracé, quelque chose avait éclaté. Sur son visage blanc, ses joues avait pris des couleurs vives. Joshua était si facile à lire, si imprévisible qu'il en devenait prévisible à sa manière et il ne savait pas que le garçon attendait déjà la tempête. Il avait le visage en feu et ses phalanges blanches témoignaient de son envie d'asséner des coups pour calmer ce brasier qui lui brûlait la poitrine.
Il ne comprit même pas. Il n'avait jamais compris ses colères violentes et pourtant, quand il sentait le courroux s'amplifier, il le laissait déborder.

Ça ne te concerne pas. Ce que j'ai fait ce jour-là ça ne te concerne pas, tu vas oublier, tu vas oublier tu m'entends ?

Il aboyait ses mots et si l'esclave avait bien assez de ses hurlements, Cael avait pris l'initiative de s'éloigner du manchot pour qui il avait pourtant porté de l'intérêt pour grogner à nouveau. Cael tout aussi ambigu, tout aussi confus que le blond, qui ne comprenait pas ces sentiments négatifs qui l'envahissaient à la manière d'une bourrasque. Et qu'est-ce que Joshua avait envie de crier, de crier, d'épuiser son souffle jusqu'à ce qu'il soit privé de son énergie.

Tu me parles d'injustice alors que.

Joshua voulait s'expliquer, la vision trouble et la nuque brûlante. C'était stupide. Sa carapace il ne l'avait pas, il était trop fier, trop borné et qu'est-ce que ce garçon l'énervait. Qu'est-ce que ce garçon lui faisait peur. Et il ne savait plus ce qu'il cherchait, à être près de lui, à lui parler dans un espoir minime d'avoir des réponses et à lui crier dessus, impuissant face à sa rage. Il continuait à détester de le voir porter ces pierres et voir sa peau meurtrie.
Mais déjà les regards se firent curieux et se dirigèrent vers eux, alertés par ses cris. Et comme Joshua savait qu'il ne pouvait pas attirer l'attention sur lui, quand on avait les mains souillées par la malhonnêteté et le visage connu de gens trop souvent pillés.
Dans un halètement saccadé, ses cris furent étouffés dans sa gorge et sa main vint se plaquer contre ses lèvres blêmes. La manœuvre est douloureuse, car sa rancœur veut encore se déverser.
Alors il bougonne, la vue embrumée. Il a une moue de sale gamin.

Ces hommes. Ils roulent sur l'or sans lever le petit doigt. Et tu appelles ça injuste, ce que je fais, j'ai envie de te frapper.

Et c'est toujours douloureux, cette rage contenue.
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Re: often times we call a man cold when he is only sad ▴ joshua fut rédigé Mar 3 Fév - 19:48

oh boy this boat is sinking

Non, ça ne le concerne pas, Cassandre. Il se mordille la lèvre, un peu gêné ; il le savait, quelque part, et il marche un peu plus vite plus vite, nerveusement -pour s'éloigner, sûrement. Et puis il réfléchit -il est toujours lent Cassandre- et il se dit que l'autre devait se douter que ce sujet serait abordé. Il n'avait qu'à ne pas venir -il est froid, parfois, Cassandre ; mais bien vite il se rend compte de la vie tout autour de lui et il se rendort dans ses complaisances idiotes de celui qui en a toujours trop pour son bonheur. Il est bête, aussi, Cassandre. Il s'accroche il s'agrippe il croit que c'est pour votre bien mais il se trompe bien plus souvent qu'il n'a raison -et les flammes dans vos yeux n'y feront rien, vous savez, Cassandre veut bien brûler pour vous. Brûler, se consumer ; être balayé par les vents et rejoindre les grains du désert dans l'immensité ambre qui entoure ce pays -peut-être qu'au fond, c'est ce qu'il veut, mais il essuie ses joues et reprend son chemin, une salive amère dans la bouche et les iris tournées vers le ciel. Comme si rien n'avait jamais remué son cerveau.
Réparer, c'est mieux qu'oublier.
Il n'a jamais été très clair comme humain, Cassandre. On ne sait jamais vraiment ce qu'il a derrière la tête, il a sa propre logique et parfois on se demande si sa matière grise ne fonctionne pas à l'envers, s'il cherchait à énerver les gens, s'il ne méritait pas son sort -bah, de toutes manières il haussera des épaules et partira un peu plus loin. Cassandre, il n'en a rien à faire de ce que vous pouvez penser ; aux dernières nouvelles son corps lui appartient encore, et s'il se plie aux tâches au lieu de fuir, c'est bien qu'il n'est pas contre. Ca a l'air tellement logique, dis comme ça ; ah Cassandre.
Alors frappes moi.
Frappes moi, si tu veux ; frappes frappes frappes et oublie tes défauts, laisse cette rage ressortir et réduis moi encore plus en esclave de tes choix, rugis et rends-moi sourd aux bruits qui m'entourent ; tu penses déjà que mon oreille n'est que poussière alors à quoi bon se contenir ? J'ai déjà les os en miettes et la peau qui tire, alors frappes, frappes, frappes. Ce n'est pas comme si j'allais soudainement mourir.
Il est honnête, Cassandre, et c'est sûrement une des seules choses dont on peut être sûr ; tellement ça fait mal quand il ouvre la bouche. Il a ses mains libre et il ne sait pas quoi faire de ses dix doigts ; il reste une pauvre pierre sur le chemin et il y a aussi son corps voûté et son épiderme qui pèle au soleil.
Il en serait presque pitoyable, si ses yeux ne gardait pas cette assurance si énervante.


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Re: often times we call a man cold when he is only sad ▴ joshua fut rédigé Sam 7 Fév - 17:05

Sur ses traits tirés, ses sourcils froncés, ses lèvres qui oscillent et ses doigts qui tremblent, on pouvait y lire le trouble. Joshua ne se contrôlait pas et parfois, une question lui taraudait l'esprit : est-ce que lui faisait l'effort de se contrôler ? Bien sûr que oui, bien sûr, la preuve, il se retenait de crier un peu plus, la paume plaquée sur sa bouche qui se tordait désespérément pour ne rien laisser échapper. Et comme il avait envie de pleurer, blessé par la frustration de ne pas pouvoir s'acharner contre quelque chose. Heureusement. Ses yeux restaient secs comme le sable, puisqu’il était plus fort qu'il ne le pensait, forgé par les années et la misère.
Et il est blessé par les mots de l'autre dont il ne connaît toujours pas le nom, celui qui ne réagit pas, celui qui a l'air si amorphe. Mais ça, ça ce n'est pas important comparé à ce qui lui demande de faire.

Je ne te toucherai pas.

Non il ne le toucherait pas. Jamais. Il pourrait avoir envie de lui arracher les yeux, de lui planter mille aiguilles dans le dos, jamais il ne le toucherait. C'était impensable de sa part, frôler quelqu'un si ce n'était pas de la légitime défense. Et il se sentit profondément stupide, si stupide que ses joues prirent feu, déjà rougies par la rage et l'envie soudaine de sangloter. Un vrai morveux. Dans la sincérité, s'il ne voulait pas le toucher pour ne pas se laisser sombrer dans la violence gratuite, c'était davantage la perspective de se faire de nouveau agripper qui le rebutait.

Je ne sais même plus pourquoi je suis venu.

Il attendait déjà une pique renvoyée, lui demandant de partir.
Et pourtant, il voulait trouver un énième prétexte pour rester, si ses questionnements semblaient rentrer par une oreille et sortir par l'autre. Si l'autre semblait faire ricocher ses remarques, encore plus impitoyable, blessant sa carapace trop facile à percer. Joshua était trop curieux et il ne détestait pas les gens. Il voulait les découvrir, dans toute leur horreur et leur splendeur.
Joshua souffla, fit balancer ses bras et reprit une autre inspiration.

Tu t'appelles comment ?

Les mots furent déversés dans un flot maladroit. Ce n'était ni amical ni tendre, il arborait encore cette expression méfiante où les dernières traces de colère étaient dessinées. Peut-être qu'il était temps. Qu'il était temps de se connaître entre chats errants, entre rebuts de la société. C'était peut-être ce qui poussait Joshua à rester tandis que ses jambes lui criaient de prendre la fuite. Elles menaçaient à tout moment de s'élever dans le ciel à sa place.


Dernière édition par Joshua le Mer 11 Fév - 17:14, édité 1 fois
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Re: often times we call a man cold when he is only sad ▴ joshua fut rédigé Mer 11 Fév - 16:58

there's no sea left for me

Il s'attendait à cette réponse, Cassandre, et il le regarde avec ses yeux d'ambre et lui montre encore tout le paradoxe dont l'autre est l'hôte. Oh, pourtant c'est si facile de frapper ; ça part tout seul et parfois on s'en rend compte après coup, une fois que tout est fini et qu'il n'y a plus que quelques traces de sang aspiré par le sable. Et même quand on déverse sa haine sur lui, Cassandre garde cette face de marbre et ce regard si froid si froid si distant. A se demander s'il y avait bien quelque chose, dans sa poitrine.
Oh, et Cassandre non plus ne savait pas pourquoi l'autre était venu, mais il savait qu'il l'aimait bien et ah, il savait aussi qu'il ne voulait pas le voir partir. Pas maintenant, pas alors qu'il y avait encore tant de choses à faire, pas alors que Cassandre en savait si peu, pas alors qu'il restait si mystérieux et que Cassandre, oh Cassandre, voulait briser toutes les chaînes qui l'entravent. Ah, Cassandre, ne peux-tu pas t'occuper de toi d'abord ?
Et pourtant il ne sait pas quoi dire, l'esclave, il regarde le sable qui se soulève sous les pas des gens et il lui semble qu'il danse ; ça le fait sourire. Et puis il y a sa voix fluette, quelques mots qui sortent, qui raclent sa gorge, comme s'ils avaient du mal à s'assumer.
Cassandre.
Il ne renvoie pas la question, Cassandre ; il veut qu'il le dise de lui-même qu'il choisisse de lui donner un peu de lui oh Cassandre ne veut forcer personne -et pourtant il oblige bien trop souvent sans même le savoir.
Montre-moi comment tu voles.
Et il y a ses yeux ses mains sa peau sa bouche son visage son coeur qui crient s'il te plaît. S'il te plaît. Montres-lui comment on peut atteindre le soleil, montres-lui que la terre n'est pas le fardeau des Hommes, montres-lui qu'on peut toujours fuir plus loin, montres-lui comme tu bouges en osmose avec tout ce qui vous entoure oh montres-lui tous ses rêves éparpillés en l'air et regardes ses yeux tourner à l'orage derrière le verre froid et distant.
Cassandre refuse toujours de sentir quoi que ce soit de trop fort oh Cassandre peut-être qu'il a peur d'être cassé comme trop de gens ; et on ne sait pas vraiment pourquoi ses sourires sont honnêtes mais ah, là, juste là, il a un pincement au coeur et il se dit que le blond doit être un ami des étoiles, un Icarus des temps modernes qui tombe au contact des autres -le soleil ne lui voudra jamais de mal ; jamais jamais jamais. Comment le pourrait-il.


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Re: often times we call a man cold when he is only sad ▴ joshua fut rédigé Lun 16 Fév - 2:02

Joshua avait souvent cet air fou, cet air d'enfant gâté qui retenait un caprice. Son corps entier tremblait, les résidus de la colère étant encore présents dans ses membres. Et pourtant, il se calmait, doucement mais sûrement. À chacun de ses souffles spasmodiques, il évacuait un peu plus de ses bouffées de fureur. Cassandre, parce que maintenant il savait qu'il s'appelait Cassandre restait parfaitement placide face à ses questionnements.
Pourquoi tant d'apathie et de calme ? Ça l'énervait, autant que ça le perturbait. Et puis il lui ordonna quelque chose. Il lui ordonna de s'envoler et sous la surprise, ses pieds déjà prêts à léviter avaient manqué de le faire. Une jambe partit en arrière et soudain, il réalisa. Il lui avait dit son nom. Cassandre, Cassandre, Cassandre. Il retient sa prononciation, les sons, les consonances, parce qu'il ignore quels caractères tracer pour leur donner une forme. Il ne peut compter que sur sa mémoire auditive quand il s'agissait de mots.

Pour quoi faire ?

Et comme il était surpris. Ses mots se libérèrent de ses lèvres alors qu'il se concentrait sur le nom de l'esclave qu'il apprenait comme une comptine. Mais ce qu'il voulait, c'était échapper aux discussions futiles sur les raisons de son dégoût lorsqu'on le touchait, alors il ne posa pas plus de questions, passant ses doigts contre sa nuque humide. Il en avait oublié la chaleur.
Il y a trop de monde qui les observe.

Pas ici. Si tu as fini, éloignons-nous.

Il se pencha pour attraper son renard entre ses paumes et le cala contre son torse, passant près de Cassandre. Il retient le prénom, une nouvelle fois. La bestiole n'attendit pas pour mordre dans le tissu et tirer dessus avec la force de ses crocs. C'était comme s'il exprimait de lui-même les colères de l'humain qu'il accompagnait.
Joshua ne s'était jamais vraiment amusé avec quelqu'un et il ne comprit pas à cet instant que c'est ce qu'il s'apprêtait à faire. Ses pas le guidèrent machinalement vers une rue plus isolée, loin du bruit, loin des agitations, loin des regards.

Je le répète. Pourquoi ?

Sur ces mots, ses semelles décollèrent du sol et la poussière se souleva autour de ses jambes, comme s'il y provoquait une tornade. Son pouvoir était sa fierté, il ne savait pas combien de gens dans le monde rêvaient de voler, mais il le savait, danser dans les airs c'était être libre, c'était échapper aux autres et à leur toucher. Qu'est-ce que Joshua est imprévisible, lui qui criait et crachait ; il se retourne pour regarder Cassandre avec un air interrogateur plus serein.
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Re: often times we call a man cold when he is only sad ▴ joshua fut rédigé Sam 28 Fév - 23:22

and how the sky gets heavy

Il le voyait, l'autre. Il tremblait, l'autre. Il avait dans ses yeux des flammes dévorantes et dans son âme un foyer sans fin -et Cassandre, Cassandre ne comprenait pas l'intérêt de se faire dévorer tout entier, il ne comprenait pas pourquoi les gens autour de lui n'étouffaient pas braises qui menaçaient de les tuer au moindre mot de trop. A moins qu'ils ne se considèrent comme des cierges, sacrifices vivants -mais il doutait, Cassandre, il ne pensait pas les gens si réfléchis, il ne se pensait pas capable de parcourir un tel chemin. Après tout, il n'avait pas assez de foi pour ça.
Il ne croyait en rien, Cassandre. Sauf aux autres ; oh il croyait tellement en eux que sa stupidité l'étonnait parfois, quand il s'en rendait soudainement compte. C'était peut-être pour ça qu'il ne voulait pas le laisser partir, lui. Il ne voulait pas le laisser avec cette fragilité et cette incompréhension au fond du myocarde, il ne voulait plus voir ses larmes chaudes de rage et sa bouche déformée par tant de haine -oh personne ne devrait avoir tant de sentiments négatifs au fond du coeur, pensait-il ; utopiste.
Cassandre suivait le rythme de son comparse, égal à lui-même -dans le silence des khamsins qui s'infiltraient dans la ville, glaçants. Pour quoi faire, c'était une bonne question -Cassandre, Cassandre ne savait pas vraiment, pour être honnête. Il y avait de l'envie et un soupçon de haine, alors il se demandait encore et encore pourquoi il avait du demander ça dans tout ce qu'il aurait pu lui dire pour le faire rester -et il se sentait stupide, comme il se sentait trop souvent ces derniers temps, avec l'autre à ses côtés.
Et puis il décolle.
Il vole il flotte dans l'air aussi léger qu'une plume soyeuse, aussi libre que les fiers rapaces, aussi insaisissable qu'une poussière et aussi convoité que le soleil lui-même. Il avait les yeux brillants, Cassandre ; il en avait tellement tellement envie que son bras s'est levé de lui-même pour effleurer ses cheveux et être sûr qu'il soit bien réel et non pas un de ces mirages affriolant.
P-Pardon.
Il ne voulait pas le vexer Cassandre, c'était un réflexe une fascination dans la voix et des yeux pleins d'étoiles ; oh Cassandre il voulait aller au bout du monde, partir d'ici et apprendre apprendre toujours apprendre.
Pour aller jusqu'aux étoiles.
Cassandre ne le quitte pas du regard -comment le pourrait-il.
Tu penses que ça serait possible ?
Dis-lui oui, s'il te plaît, dis-lui que ses rêves sont humains et que ses espoirs ne sont pas tous fous.


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