Joshua n'est personne. Il a tout d'un animal sauvage. L'animal qui pousse des cris et lâche des grognements quand on essaie de l'approcher ou de le dompter, celui qui repousse en montrant les crocs. Sous ses joues crasseuses, ses vêtements miteux qui semblent avoir été dérobés, il a cet air farouche. Il n'est personne. Il n'est personne et ne laissera personne le toucher, il n'obéira pas, respirant l'agressivité. Son regard est torve et il s'évade dans les rues, à la recherche de nourriture et de joyaux, se remplissant les poches avec satisfaction.

Joshua n'est personne ; il ne sait plus ce que c'est vivre, il se contente d'exister. Il a oublié le goût du lait et des bonbons, et il a oublié son nom. Ce n'était qu'un bambin. Joshua était fier de ses cheveux blonds et de ses yeux ambre. Aujourd'hui, il ne se souvient plus de son reflet et s'en moque, essuyant de manière impatiente la poussière qui recouvre son visage. Il ne sait qu'une chose, on l'a vendu quand ils ont jugé qu'il n'était qu'une bouche de plus à nourrir et qui ne rapportait pas assez. Ce n'était qu'un enfant. Un jour il s'est enfui et il n'a plus jamais voulu être en cage, empoignant une arme entre ses doigts abîmés et décidant de vivre comme un chien galeux.

Alors au fil des années, il a tout oublié, les étreintes, les voix douces, la chaleur d'une main, le ventre plein. Ce qui compte c'est subsister, c'est empêcher la faim de le terrasser, c'est bannir la soif. Il est ainsi Joshua, il ne se rappelle plus comment vivre. Il a le sourire facile et la colère souple. Il jure trop. Il vocifère beaucoup. Et il déteste votre tête et vos mièvreries. Joshua est brut et réaliste, laissant derrière lui les mascarades ; il vous frapperait la main si vous la posiez sur son épaule. Il ne se rappelle que de peu de choses. Parmi elles, une pensée qui résonne dans sa tête et lui a dicté sa manière d'agir. Une pensée qui berce ses journées et hante ses nuits. La vie, c'est un champ de bataille.

Joshua n'est personne, mais ce qu'il recherche, c'est lui.