Les emmerdes arrivent, un client bien exigeant - [PV Aydan]

Enfer et damnation … Les pires moments de la vie d'Éresia. Ces moments si … plats … Aucun contrat ne pointait le bout de son nez, aucun client fortuné ne lui avait quémandé de requêtes dangereuses, quasiment impossibles. L'excitation des combats et de l'exploration lui manquait … Tout comme l'argent. Aucune autre alternative ne s'offrait à elle, elle détestait le faire mais elle le devait. Se poser quelque part en présentent ses marchandises. Oui, un peu comme une mendiante. Ses capacités de combattantes passaient un peu à la trappe lors de ce genre de moments, c'était son charisme et son éloquence qu'elle devait faire briller. Certes, elle n'en manquait pas, mais quel ennuie mortel c'était …

Adossée à un mur, son étalage sur le sol, elle ne pouvait qu'observer les passants. Ceras était une ville peuplée et vivante, mais surtout pleine de riches. Mais en fait … Elle détestait cette ville ; ses habitants étaient tellement pédants, quelle horreur de négocier avec eux, de simplement les voir … Après, il n'y avait pas qu'eux ici, il serait ridicule que la deuxième plus grande ville d'Alphégias n’accueille que les autochtones. La colporteuse n'était pas idiote non plus et ne choisissait pas ses endroits au hasard ; c'était un point stratégique. Plusieurs groupes de mercenaires passaient par ici en ce moment - merci à son réseau d'information - et elle pouvait les distinguer de tous les autres dans la foule. Comme un félin, elle attendait sa proie. Geïra, de son côté, guettait les potentiels acheteurs qui pouvait se trouver un peu plus loin, elle trouverait bien une idée pour les attirer vers sa maîtresse.

Son étalage présentait plusieurs types d'armes : couteaux, katana, épées, arcs … De plus ou moins bonne facture. Les prix de la plupart des armes étaient exorbitants, assez pour faire pâlir même les '' richards '' de cette ville ; ces marchandises, en particuliers, n'étaient pas les mêmes que celles des armuriers que l'on trouvait un peu partout. Elle laissa échapper un soupir de mécontentement et baissa légèrement son chapeau qui cachait désormais partiellement son visage. Quand est-ce que quelque chose d'intéressant interviendra ?

L'éternelle recherche

Aydan soupire en sortant de sa dixième boutique d'armes. Comme les fois précédentes, les menaces du vendeur le suivent comme son ombre. Le mercenaire se retourne et observe l'homme devenu rouge pivoine et présentant un balai. Une fois de plus, il est déçu des marchandises présentées et la fatigue se fait ressentir. Tous lui ont assuré d'en avoir une d'excellente qualité. Or, chacune est devenue obsolète lorsqu'il utilise sa force accrue. Sa main est marquée par ses paumes brisées d'une simple pression et sa mémoire enregistre ses lames tombant en miettes les uns après les autres. En conséquence, rien n'est arrivé à le séduire.
L'albinos s'installe sur un banc afin de se reposer. Il sort ses deux épées de leur fourreau, attaché à sa taille. Elles étaient forgées dans un alliage rare, presque un travail de nain. Son ancien chef les avait commandées spécialement pour lui afin de fêter sa première mission. Une attention toute particulière qu'il n'a jamais oubliée. Comme elles furent les seules à supporter sa prise en main, il en a pris le plus grand soin. Or, même tous les soins au monde ne parviennent pas à empêcher le temps de faire son effet. Il aurait aimé connaître leur provenance et contacter leur créateur, car dans le fond, il a du mal à se résoudre à s'en séparer. Mais un mercenaire a besoin d'un outil de travail pour vivre. Sans ses épées, il ne peut se nourrir. Sans elles, il peut dire adieu à la vie. Et s'il meurt, ...
Aydan se secoue la tête. Non ! Il ne doit pas y penser à ...
▬ Miaow !
▬ Miaow ?
Le mercenaire fixe interdit la boule de poils. Chenapan sort de sa cachette et s'approche de lui sans la moindre crainte. Les deux alter-egos s'observèrent longuement avant que le mustélidé suive le félin. Les deux créatures s'éloignent d'Aydan qui craint qu'un drame survienne. Puis, les animaux s'arrêtent près d'une étal à même le pied. Des armes sont exposées sur un tapis où une jeune femme attend la venue d'un client.
Aydan s'en approche et se baisse. Chenapan en profite pour s'agripper à ses vêtements et de s'installer sur son épaule. Le mercenaire range ses épées avant de s'emparer de l'une des armes qui attire son attention. Il la manipule avec précaution au début. Puis, il la tournoie avec aisance avant de l'arrêter en face de ses yeux, admirant la composition. Légère et de bonne qualité, il pense avoir trouvé la perle rare.
▬ Excusez-moi, mademoiselle. Est-ce que cette arme est résistante ?

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Elle avait senti son alter-ego venir vers elle. Un client ? Finalement ? Elle ne réagit pas, ça pouvait être n'importe quoi d'autre après tout. Mais elle ne tarda pas à changer d'attitude, c'était bien un nouvel acheteur, enfin. Geïra était une sauveuse.
Elle observa l'homme aux cheveux blancs – qui semblait être un mercenaire – s'accroupir et tester une arme de son étale. C'était une lame ordinaire mais de très bonne qualité, on pouvait en trouver chez la plupart des particuliers. Lorsqu'il lui posa sa question, elle se redressa de son mur et se tint droite, le regard pointé vers ce potentiel acheteur.

« Toutes les armes ici sont faites en sorte d'être les plus résistantes possibles. »

Résistante. Oui. Mais pour une prise en main '' ordinaire ''. La jeune femme avait un pressentiment, le pressentiment que quelque chose allait démentir ses dires … L'intuition féminine et l’instinct félin font des ravages. Elle se baissa à son tour et prit la lame des mains de l'homme. L'agitant dans les airs par des mouvements secs. C'était un rituel pour elle, vérifier que que ses armes n'avaient pas de défauts en les manipulant devant ses clients. Mais malgré ça, ça ne la réconfortait pas vraiment. Elle analysa un peu plus le mercenaire, le transperçant presque du regard. Il n'avait rien de vraiment spécial pourtant.

« Vous pouvez l'essayer si le cœur vous en dit. Elle pose un regard au loin, pensive. Il y a une place à l'abri de l'effervescence de ces rues-ci. »

Rien de mieux qu'un combat pour connaître son adversaire un peu plus en profondeur. Oui, c'était un simple client, mais c'est un peu la même chose non ? … Un combat entre le vendeur et l'acheteur, seule la manière de combattre est différente.

En garde !

Aydan observe l'arme à sa main tandis que la jeune vendeuse lui assure de sa résistance. Mentalement, il la note comme un 37e mensonge qui demande à être vérifié. Il compte serrer le manche jusqu'à ce qu'on la lui retire des mains.
Le mercenaire n'offre aucune résistance.
Au contraire, il suit le mouvement et fixe la colporteuse du regard. Il sent une analyse de sa personne. Il répond en laissant transparaître uniquement une force physique moyenne. Son esprit se tourne vers les paumes de ses armes marquées par ses capacités hors norme. Paradoxalement, il redoute des compétences de cette dernière, comme il ne la craint pas. Finalement, la petite dame le met à l'épreuve dans un combat.
▬ Mmm...
Aydan n'est pas chaud. Or, il ne voit pas d'inconvénient à analyser la lame en premier. S'il doit être déçu, il pourrait refuser l'achat. Et on ne l'obligera pas non plus à rembourser vue que l'arme n'était pas dans ses mains.
▬ Je ne dirais pas non, pour rien au monde. Cependant, je vous conseille de vous préparer.
Le mercenaire s'approche de l'emplacement désigné par Eresia. Il sort l'une de ses épées de son fourreau. Il se sert uniquement de sa main droite. Puis, il se met en garde. Étrangement, sa lame ne pointe pas son adversaire, mais l'opposé. C'est sa tenue en combat habituelle. Il frappera moins fort que prévu, mais il utilisera tout de même son pouvoir ; car après tout, c'est l'arme qu'il juge et non la porteuse.
▬ En garde !
D'un mouvement rapide, il s'élance vers la jeune fille. Un simple pas en avant lui suffit. Puis, il dirige son attaque vers l'épée et la frappe aussitôt. S'il la touche, il verra bien si elle supportera l'assaut.

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Il avait accepté la demande de la vendeuse. Évidemment. Le contraire aurait été étonnant … Et aurait surtout ennuyé Éresia. Cette dernière voyait en ses paroles un air de défi, elle arqua légèrement les sourcils.

« Me préparer ? Aurais-je quelque chose à craindre ? »

Suite à quoi, il suivit docilement la jeune femme à travers la foule. Elle avait bien sûr rangé son étal dans son étrange boîte noir, ornant son dos à côté de l'énorme épée. Cependant, elle se posait toujours des questions sur ce mystérieux guerrier, il l'intriguait, c'était le moins qu'on puisse dire.
Arrivée à l'endroit prévu, elle posa ses possessions sur le sol, sous la garde prévoyante de sa fidèle alliée. La colporteuse se mit en garde, une façon d'inviter son adversaire à donner le premier coup. D'ailleurs, ce dernier avait adopté une pose qu'elle ne connaissait décidément pas … On en apprend des choses par ses clients, hé. Ce dernier ne se fit pas prier ; s'élançant d'un pas rapide vers elle, l'homme porta un coup que la jeune femme para sans difficultés. Elle sentait tout de même dans cette attaque une force surhumaine, elle pourrait sûrement s'amuser un peu en … Crack. Un son à peine audible. Quelque chose que seule une personne ayant côtoyé et briser plusieurs lames pouvait remarquer. Elle pouvait sentir une légère fissure, à l'intérieur de la lame. Ce n'était pas un mauvais produit, mais pas fait pour un combat entre deux guerriers surentraînés. Elle fit un bond en arrière, inspectant la lame d'apparence normale. « Il faudrait que je lui en présente une autre après … », mais elle ne pouvait pas arrêter le combat maintenant. Tempi pour la lame, elle n'était pas si extraordinaire que ça de toute manière, ni même très chère.

« Pas mauvais, mais dites-moi un peu, vous avez un pouvoir, non ? Qu'en est-il ? »

Elle resta figée quelques secondes – mais toujours en alerte, ne sait-on jamais – en attente d'une réponse. Et repassa finalement à l'assaut, accompagnée de cette piètre lame qui menaçait de se briser de l'intérieur.

Crack !!

Crack... Ça a fait « crack » pour la 37e fois de la journée.
Aydan souffla un instant ravalant sa déception. Néanmoins, il reste en garde jusqu'à la question sur son pouvoir et déduit qu'elle n'a pas réussi à identifier ses capacités. Il se met à réfléchir sur la révélation de ses pouvoirs. Avoir « la force accrue » comme capacité n'est pas un secret d'État. Or, on lui a toujours demandé de le garder secret, afin de surprendre tout auteur d'embuscade. Or, il n'a rien à craindre de la dame lui faisant face, il en est sûr. Le mercenaire pose une main sur ses lèvres. Signe que le combat s'est arrêté pour de bon. Il observe sa propre lame, puis ceux de la vendeuse.
Dans le fond, il n'a jamais révélé aux vendeurs la particularité de son pouvoir, peut-être un défaut qui a provoqué une quête aussi vaine qu'éphémère. Le dire aurait certainement évité de passer des heures de recherche. Et peut-être qu'il trouvera l'origine de ses armes.
▬ J'aurai peut-être dû commencer par là, effectivement. Mon pouvoir se résume en « force accrue » .
Aydan garde en lui ses propres limites, un élément que son chef lui a démontré sous forme de calcul dont il se souvient. Puis, il s'approche de son adversaire et place son doigt contre la lame casée.
▬ En conséquence, je cherche une épée dont les matériaux peuvent supporter ce pouvoir et- Crack !
Ce son sonne comme la fin de vie d'une épée. La pointe de l'épée tombe à deux centimètres du pied d'Aydan qui ne réalise pas qu'il aurait pu transpercer son pied. Il est bien trop choqué par un élément. Sans le savoir, il venait d'appuyer sur la fissure de la lame. En conséquence, il risquerait encore devoir payer un article non utilisable.
Le mercenaire devient aussi pâle que ses cheveux avant de se courber, tout paniquer.
▬ Pardonnez-moi ! Je n'ai pas totalement jonché ma force. Je vous demande de bien vouloir m'excuser. Je vous promets de rembourser. Et-... HHHHAAA ! Mon pied. .... J'ai failli perdre mes orteils !
Aydan lève la tête, fermant un œil. Cet incident n'a rien à voir avec Eresia et il en est conscient. Cependant, il craint que la vendeuse lui reproche cette action.

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Alors là, c'était la meilleure. « Force Accrue » hein ? La colporteuse était mélangée entre la colère et l'intérêt qu'elle portait au pouvoir de son interlocuteur. En colère parce que s'il l'avait dit plus tôt, elle n'aurait pas perdu un article et l'aurait bien mieux conseillé. Même si elle pouvait en acheter un autre sans problèmes, de l'argent perdu, c'est de l'argent perdu. Il a suffit qu'il pose son doigt sur la fissure pour que l'arme se brise, sur le point de blesser son potentiel client. Elle soupira bruyamment, retirant son chapeau et passant une main dans ses cheveux aux reflets rosés.

« Évidemment … Comment voulez-vous que je vous aiguille si vous ne me dites rien à propos de ce genre de détails ? »

Elle n'esquissa même pas un sourire lorsqu'il faillit se transpercer le pied. Stoïque à son habitude, ses yeux étaient fixés sur la forme désormais courbée d’embarras devant elle. Attendait-il un quelconque jugement ? Un sermon ? Cette fois, la jeune femme gloussa discrètement ; la main sur la bouche. Elle se tourna et marcha en direction de sa mystérieuse boîte. Elle s'accroupit et, en pleine recherche, elle regarda le mercenaire par-dessus son épaule.

« Je ne vous demanderai pas de la rembourser. C'était assez amusant comme interaction, mais je vous ai à l’œil. Sachez que si mes chiffres d'affaires baissent, vous aurez intérêt à travailler pour moi, ou au moins me donner de l'argent. »

Il ne fallait pas trop espérer de la gentillesse d'Éresia. Ce genre d'acte de sa part était extrêmement rare. Voir légendaire. Elle jeta un coup d’œil aux lames que portait Aydan. C'était un alliage très rare, et la marque et l'artisan ne lui semble pas totalement inconnu mais impossible de mettre le doigt dessus, sa mémoire semblait lui jouer des tours. Ceci dit, avec quelques contacts, elle pourrait sûrement retrouver le forgeron qui les a faite … Son étal disposait de lames au niveau équivalent, voir même meilleures, mais elles étaient à un prix exorbitants et il ne semblait pas rouler sur l'or.

« Vous pouvez me passer vos lames, que je les examine ? »

Refermant la boîte, elle se tourna une fois de plus vers l'homme aux cheveux blancs. Elle hésitait à demander quoi que ce soit à ce dernier, après tout, les clients n'ont pas à donner de quelconques informations aux marchands. Enfin, pas de cet ordre.

« Quel est votre nom ? »

Je suis débiteur...

Son sourire se crispe quand la jeune femme le réprimande. Il détourne le regard en comprenant qu'il était bel et bien en faute à ce sujet. Puis, il lève la tête tout en observant son interlocutrice, le visage fermé. Comment peut-il faire confiance en un vendeur dont l'unique désir est de lui vendre un article à tout prix. Non, il a préféré voir lui-même la qualité sans se fier aux yeux d'autrui. Enfin, pas tant qu'il n'aurait pas trouvé un fournisseur digne de ce nom.
▬ N'ai-je pas demandé si votre arme est résistante, lors de notre rencontre ? Un simple détail qui aurait dû mettre la puce à oreille sur mes critères de recherche.
Le mercenaire range son arme dans son fourreau et se place derrière la vendeuse, attendant qu'elle se mette face à lui.
▬ En tout cas, merci. Je vous avoue qu'après cette journée de recherche à répéter la même chose, j'ai fini par oublier l'essentiel. Comme je suis votre débiteur, dites-moi quand vous aurez besoin de moi.
Eresia n'a aucune inquiétude à se faire. Par principe, Aydan a comme mot d'ordre de rembourser ses dettes. Les seules requêtes qu'il refuse, c'est quand il sent une aiguille sous Roche. Et à ce niveau, le mercenaire s'est toujours montré intransigeant , et ce, quels que soient l'âge et le sexe du commendataire. Un élément qui lui a plus valu d'être trempé par le fond d'une chope à maintes reprises.
Il observe la colporteuse tendit qu'elle fouille dans une boîte, tout en se demandant en quoi consiste sa recherche. Il a remarqué dans ses yeux cette lueur qui dévoile qu'elle a une petite idée derrière la tête. Peut-être qu'un élément la tracasse, mais il ne sera pas dit ce que c'est. Puis, elle ferme le tout.
Aydan se met à soupirer avant de retirer sa seconde épée, celle qu'il n'a pas utilisée lors du duel improvisé. Il masse son épaule endolori par son pouvoir avant de confier l'arme tout en se demandant si elle supportera son poids.
▬ Mon nom est Aydan. Je suis un mercenaire, natif de Lordlake. Et vous êtes ?

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