La chaleur intense. La sécheresse indomptable.
Depuis toujours les deux sensations n'ont cessé de traversé le corps du jeune homme. L'eau est une denrée rare et encore, ceci est un euphémisme. Nul ne peut vivre dans un enfer comme celui-ci, ô non. Il n'est possible que de survivre. Sans aucun doute les habitants de Lordlake sont des individus résistants parés à toutes les situations qui nécessitent de se battre. Jared n'est lui, pas en reste. C'est certain.

Il est indomptable, tout autant que son don. La chaleur le traduit lui et son caractère sanguin. Au sein même de Lordlake il est connu comme une tête brûlée, un jeune homme qui ne cesse de donner son avis et de s'agacer pour peu. Il aime s'énerver pour de piètres raisons comme pour se protéger lui-même ou prouver qu'il existe. Difficile à cerner le jeune homme est comme un puzzle, un être refermé sur lui-même par le niveau de vie ou la sécheresse qui l'encercle. Car au fond, nul doute que les choses ne sont pas aisées à vivre. Comment rester tel un rat dans un trou ? Pourquoi personne ne vient donc aider les siens ?

Mais il n'est en rien un héros ou un premier rôle. Jared n'est qu'une ombre prête à tendre la main bien qu'il la mord aussi souvent. Depuis toujours il souhaite quitter les lieux mais comment ? Enfant du milieu d'une fratrie de trois, il a toujours été celui qui a galéré à montrer ses sentiments ou ses probables talents. Rester avec son père suite au décès de sa mère, celle qui représentait tant, le soutenir et c'est tout.

Aujourd'hui, les choses ont changé. Une rencontre anodine avec un voyageur puis de longues discussions capables de chambouler l'esprit d'un individu. Il ne sera plus le même. Lordlake n'est pas un lieu abandonné, certainement pas. Cet homme n'a cessé de le répéter ; « Rien n'est plus douloureux que l’oubli ». Quitter les lieux, rejoindre les cités. Prouver l'importance de ce bourg qui l'a vu naître, de cette terre frappée par la chaleur. Il ne peut plus survivre ainsi, lui aussi a le droit de profiter de sa vie, de qui il est. Une cape sur le dos, son tendre Lou sur l'épaule puis ce grimoire, ce présent de cet homme.

Le voilà en route.