« On apprend peu de la victoire, beaucoup de nos défaites. » (RP Acacia - Cendres)

La ruelle de Yashuna s’était peuplée peu à peu. La foule s’était pressée, formant un cercle de curieux, autour de Cendres et son adversaire du moment. Un pari simple, une journée simple, quelques pièces à gagner en cas de victoire. Encore un adulte qui avait cru que, parce qu’il était un enfant, il ne savait pas se défendre. Cendres en avait connu bien trop, tellement qu’il ne savait même pas assez compter pour tous les dénombrer. Tout aurait dû se passer comme d’habitude, comme cela se déroulait depuis presque 5 ans. Cendres n’avait jamais perdu un pari jusque-là.

La première défaite le prit donc totalement par surprise.

La forme fantomatique de son pouvoir, Time out, ne lui laissa même pas le temps de comprendre qu’il avait été désarmé. D’un seul coup l’ombre se jeta sur lui et tout son paysage s’assombrit. A tel point que le petit crut une seconde avoir simplement cligné des yeux. Si seulement il n’y avait pas eu cette drôle d’impression de se retrouver la tête en bas et la nausée qui suivit.

Et comme le cerveau humain est une drôle de machine, Cendres pensa d’abord : « C’est donc ça qui arrive quand Time out mange mes adversaires… ! »

Et ensuite seulement la panique monta en lui, en réalisant qu’il s’était juste fait « Bouffé ».

Mais cela ne dura pas longtemps, si, effectivement, il avait été mangé, alors Time out se dépêcha de le vomir et Cendres atterrit sans comprendre sur une surface douce et moelleuse.

Les cheveux emmêlés, le cœur palpitant, Cendres se redressa, perdu et désorienté, sur le lit d’un inconnu (pas le sien, ces derniers temps il dormait dans une grange abandonnée aux abords de la ville)…Et de toute évidence, le lit était occupé par quelqu’un. Quelqu’un qu’il ne connaissait pas. Du tout. Une jeune fille, aux longs cheveux violacés. Elle dormait paisiblement, enroulée sous sa couette, indifférente à son intrusion dans sa chambre. La douce lumière du matin, filtrée par les rideaux de la fenêtre, l’auréolait d’une certaine sérénité. Une ambiance qui donnait encore plus à Cendres d’interrompre quelque chose de très, très important.

Venant d’une famille nombreuse, et composée principalement de femmes, le premier réflexe de Cendres fut de se dire « Il faut que je me barre très vite d’ici ».  Il chercha du regard une issue, et avisa la fenêtre close, de l’autre côté de la pièce. Voilà, ça irait très bien.

Il allait ramasser son katana, sa seule possession, pour partir, quand il se rendit compte d’un détail.

Son katana n’était plus là.

Après tout, il avait été désarmé avant d’être bouffé.

« Par les couilles de Solorin ! »  Jura-t-il, peut-être un tantinet trop fort, sous le coup de la surprise.